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1 avril 2006 6 01 /04 /avril /2006 01:02

 ARTICLES DE JOURNAUX

31.03.1998

Cas à part dans le showbiz français, Hubert-Félix Thiefaine joue les voyageurs solitaires. Textes surréalistes et alambiqués sont les marques de fabrique de l'artiste. En 79, l'album s'appelait "Tout corps vivant branché sur le secteur étant appeler à s'émouvoir". Quelques disques plus tard, voilà "Le bonheur de la tentation", millésime 98 !
Thiefaine aurait-il perdu quelques plumes en route ? Disons plutôt qu'il s'agit d'une maturation après quelques vingt ans de carrière. Guitare rock pour "Dans quel état terre" ou solo de violoncelle pour "Empreintes sur négatif", les ambiances musicales sont variées, permettant des mises en scène vocales parfois surprenantes comme dans "Bouton de rose" où l'on redécouvre un Thiéfaine sobre et subtil. Mais attention ! Il est aussi là où on l'attend ! Ses divagations éthyliques ("Le chaos de la philosophie") et ses chansons fleuves, plus déclamées que chantées (il faut tenir la longueur !) comme dans "Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable", rappellent le bon vieux temps, celui où le public malmené par l'adolescence plébiscitait Hubert-Félix Thiéfaine lors de concerts qui ressemblaient plus à de grandes messes qu'à autre chose.

Souvenirs nostalgiques, voilà ce que rappelle désormais un nouveau CD de Thiéfaine en attendant sa grande rentrée sur la scène de Bercy à Paris, le 11 décembre 98.

 

18.11.1999

HUBERT-FELIX THIEFAINE : "En concert à Bercy"

Discret dans les médias, Hubert-Félix Thiéfaine a noué sur scène la relation indéfectible qui le lie depuis vingt ans à ses légions de fans. Mais, depuis 1983, quatre albums live sont déjà venus marquer le coup d'une tournée triomphale. Quel intérêt peut donc revêtir un cinquième témoignage ?

A plus d'un titre, ce concert, donné en décembre 1998 devant un Palais Omnisports de Paris-Bercy plein à craquer, est son enregistrement public le plus intéressant. D'abord, ce n'est pas si souvent qu'un disque live, qui arrive trop fréquemment comme un cheveu sur la soupe pour faire patienter entre deux CD studio (façon Johnny Hallyday ou Michel Sardou), se justifie si bien - celui-ci couronne en effet deux décennies de carrière.

Ensuite, plutôt que d'investir dans un best of miteux, ce "Concert à Bercy" survole les onze albums solo de Thiéfaine, n'en oubliant aucun, en plus de 2h20 et 32 chansons ("l'Ascenseur de 22h43", "la Vierge au Dodge 51", "la Fille du coupeur de joints", "Narcisse 81", "Zone chaude", "Septembre rose", "Un automne à Tanger", "Les mouches bleues", "Des adieux", "La cancoillotte", "Dans quel état terre"…). Enfin, le son rend vraiment bien l'ambiance d'un concert, à la différence de beaucoup d'autres enregistrements où les clameurs du public sont soigneusement étouffées en studio. A quelques semaines de Noël, ce double CD un brin nostalgique, qui risque de laisser froids les réfractaires car il n'apporte évidemment rien de neuf, est un cadeau souvenir recommandé à tous les fans, ceux de Bercy et d'ailleurs.

 

27.03.2001

" Je ne suis pas un théoricien ni un philosophe, assène Hubert-Félix Thiéfaine. Si je jouais de la trompette, les choses seraient plus simples : on ne me demanderait pas les clés de mes textes. Je n'écris pas pour être lu. La poésie à l'état brut, seuls deux ou trois génies peuvent se la permettre : Baudelaire, Rimbaud, Benjamin Péret. Si tu as l'âme d'un poète et que tu n'es pas génial, tu es obligé de prendre des supports pour y arriver. " Bigre ! Le Hubert-Félix nouveau semble tendu comme une chanterelle après son treizième album, sorti ces jours-ci.

En ses débuts, Défloration 13 semble dans la lignée du Thiéfaine éternel : ballade au tempo lent et aux mots vénéneux ( " ombre aphrodisiaque ", " junkie mécanique " ) pour le premier titre, Une ambulance pour Elmo Lewis. Mais, déjà, des programmations de machines pointent l'oreille. Le second morceau (le meilleur de l'album), Quand la banlieue descendra sur la ville, si ce n'était son discret reggae, serait thiéfainiste en diable : on y parle de "rues qui puent la trique, la moiteur rance et la mauvaise conscience" et de "grande razzia des parias". Le monde s'effondre et tout va bien.

Avec Le Touquet juillet 1925, troisième titre, on saute dans l'inconnu : face à un texte à la Souchon et à un rythme à la Voulzy, à peine dynamité, on reste dubitatif. Dès lors, l'étonnement ne quittera plus l'auditeur thiéfainophile : un nouveau son se met en place avec ce treizième album. Un son qui fait la part belle à des synthétiseurs puissants, à des guitares lourdes et, surtout, aux influences du siècle finissant. Du rap (Also sprach Winnie l'Ourson) à la comptine techno grunge (Joli mai, mois de Marie) et au trip hop plombé (Les fastes de la solitude) se met en place une fusion que n'aurait pas reniée, en son temps, No One Is Innocent. Euh… avec un peu plus de retenue du côté des éruptions décibéliques chez HFT. Mais à peine.

Même des morceaux classiques comme Parano safari ou Eloge de la tristesse…à la voix bien devant, arborent des orchestrations inhabituellement sales auxquelles participent à parts égales guitares et synthés. Les textes, eux, restent fidèles à eux-mêmes : noirs. Avec un minimum d'humour, ce qui est nouveau. Notre homme serait-il fatigué ?

Il est vrai que l'actualité a été chargée pour Thiéfaine ces trois dernières années, juste après la sortie de son avant-dernier album, Le bonheur de la tentation : d'abord un concert-événement le 11 décembre 98 au Palais Omnisports de Paris-Bercy pour ses 25 ans de règne'n'roll ; puis l'écriture de deux textes, au premier trimestre 99, pour l'album de Paul Personne Patchwork électrique (avec cette première, Thiéfaine réalisait un vieux rêve : "Je pourrais aussi écrire des textes pour les autres" me confiait-il en… juin 90) ; enfin, une tournée qui a duré jusqu'à fin 99…

À peine remis de cette tournée, le courageux Jurassien s'est remis à l'écriture pour nous livrer Défloration 13, changeant toutefois de crémerie (cet album passe de Tristar à Epic, toujours dans le giron de Sony), de manager et de musiciens. Comme si, pour Thiéfaine, le siècle s'était terminé en décembre 1998, le soir où Hubert-Félix 1er a offert à son peuple (17000 sujets) réuni en son Palais de Bercy un florilège halluciné, des origines (L'ascenseur de 22h43) à nos jours (Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable). Un signe, rétrospectivement, aurait dû retenir notre attention. Ce soir-là, HFT a privilégié les titres de plus de dix ans d'âge : deux sur trois... Il a même, pour l'occasion, reconstitué Machin, le groupe folk de ses débuts, qui a repris La cancoillote

Plus de trente ans de carrière

Hubert-Félix Thiéfaine est né à Dole, dans le Jura français, le 21 juillet 1948, cinquième enfant d'une famille qui en compte six. Son père est typographe et son enfance modeste, dans une famille "très chaleureuse et très tendre". C'est à sa demande que Hubert-Félix entre en pension à onze ans au petit séminaire... Dans ce cadre, il écrit ses premières chansons : son premier groupe, en 1963, s'appelle les Squelet's... Il traduit et adapte Woody Guthrie. Déjà éclectique (trente-cinq ans plus tard, c'est pire), il découvre John Lee Hooker, Dylan, les Stones, Brel et Ferré.

Juste après 68, à la faculté de psychologie de Besançon, il rencontre celui qui va devenir son ami le plus fidèle et son manager - jusqu'en 2000 : Tony Carbonare. C'est en 1976 que commence, avec Carbonare et pour un an, l'aventure folk du groupe Machin. On retrouve son influence dans le premier album de Thiéfaine, Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s'émouvoir, paru en janvier 78 : premier petit succès avec La fille du coupeur de joints, devenu un classique de son répertoire. "Je me suis beaucoup amusé avec le folk, reconnaît-il aujourd'hui. C'est une musique simple à parodier.
Fin de la phase folk : une nouvelle couleur Thiéfaine se précise en 1981 avec le quatrième album, Dernières balises avant mutation. On y remarque Narcisse 81. En 1982, Soleil cherche futur, qui inclut Lorelei et Les dingues et les paumés, radicalise sa démarche rock et rapporte à Thiéfaine son premier disque d'or. Son style se fixe : textes sombres ou drôles, images fortes, surréalistes, rock stonien. En témoignent les albums Météo für Nada (1986, avec Zone chaude, môme et Sweet amanite phalloïde queen) et Eros über Alles (1988, avec Was ist das rock'n'roll).

Nouvelle aventure en 1989 : HFT part enregistrer à New York l'album Chroniques blusesymentales, qui sort en 1990. Un des plus beaux albums du Thiéfaine éternel : rythmiques nerveuses, grosses guitares, déluge verbal : Pogo sur la deadline, Caméra terminus, Zoo zumains zébus... Deux albums jumeaux, décrispés, marquent les années 96 et 98 : La tentation du bonheur et Le bonheur de la tentation. Grâce à La philosophie du chaos (dit aussi Et yop !), La tentation du bonheur, onzième album-studio de Thiéfaine, perce un peu dans les radios.

Aujourd'hui, Hubert-Félix Thiéfaine est à jamais le chanteur qui s'est fait sans la moindre aide des médias audiovisuels. Avec lui on a pris, pour la première fois en France, la mesure d'une carrière bâtie d'abord sur le bouche-à-oreille et les concerts. Avec, en noyau dur du public, les lycéens : "Depuis vingt ans, s'amuse HFT, je suis un passage obligé des jeunes de 18 ans. C'est, en fait, un public infidèle, mais qui se renouvelle autour du même âge. J'ai dû rester bloqué à mes propres 18 ans. Je dois fonctionner comme un adolescent moyen." Peut-être, dans vingt ans, Gaëtan Roussel, de Louise Attaque, tiendra-t-il le même discours.

 

24.10.2001

Une ambulance pour Primo Lewis : le show démarre en grande pompe sur ce titre phare de Défloration 13, treizième album studio du ”cas Thiéfaine”, auteur inclassable, unique en son genre depuis les fulgurances fondatrices de Tout corps vivant branché..., son premier album, surgi comme un ovni il y a vingt-trois ans, sur les décombres glorieuses d’errances rebaptisées par la grâce d’un verbe trempé de surréalisme, de piquouses et d’excès en tous genres.

Cette tournée 2001 s’inscrit dans un contexte très particulier puisqu’elle succède à un album-évènement (le premier depuis longtemps), largement salué, parfois décrié, qui mêle avec un bonheur certain une instrumentation rock “classique” (guitares, basse, batterie) aux samples, sonorités électroniques et ambiances aquatiques caractéristiques notamment, du trip hop né à Bristol dans le sillage de Massive Attack. Ces atmosphères électro, trash ou planantes, épousent en de sombres noces excitantes la poésie noire et décadente de l’auteur qui satisfait du résultat, a décidé de réarranger certains titres anciens. Dans le ”bain” de ce son renouvelé, ils ne dépareillent pas de l’ensemble. Où, dit autrement, c’est un peu comme si la boucle était (re)bouclée en direction de Soleil cherche futur (1982), le cinquième et peut-être le meilleur album de Thiéfaine, qui faisait suite à Tout corps vivant... (1978), Autorisation de délirer (1979), De l’amour, de l’art ou du cochon (1979) et Dernières balises avant mutation (1981), également excellents. Ensuite, l’artiste avait pu donner parfois l’impression de se répéter un peu, comme dépossédé de l’élan qui insufflait par le passé de la beauté et de l’émotion à ses délires poético-destroy.
Des années 1980 à aujourd’hui, la prestation est redoutablement homogène – comme si Thiéfaine avait reconnecté ses circuits – même s’il est permis de préférer certains titres à d’autres. On retiendra notamment Une ambulance pour Primo Lewis (pseudonyme de Brian Jones, guitariste des Rolling Stones noyé dans sa piscine en 1969), Demain les kids, spécialement introduite par le chanteur qui se souvient de son Zénith 91 : ”La dernière fois que je suis venu dans cette salle, c’était en janvier 91 et ça faisait 3-4 jours qu’ils avaient commencé une guerre, déjà, à l’époque. À ce propos, je me suis demandé l’autre jour, combien il fallait de tours de 410 m pour contenir tous les enfants qui chaque année à travers le monde meurent de faim et des conséquences des guerres”.

Beaucoup de plaisir également sur Eloge de la tristesse (”la tristesse est la seule promesse/ que la vie tient toujours”), sur Soleil cherche futur (”petite sœur soleil au bout du quai désert/ petite gosse fugitive accrochée dans mes nerfs... dans le dernier écho / de ton dernier silence/ j’ai gardé pour la route/ ma rage/ ma haine/ et ma folie”), balancée dans une jolie version électro-crépusculaire qui suscite un véritable délire au sein du public. Délire qui monte encore d’un cran sur la vague d’une belle intro aquatique dédiée au morceau les Dingues et les paumés, la chanson de Thiéfaine par excellence, sans doute la plus belle qu’il ait jamais écrite, qui résume à elle seule ses sources d’inspiration, ses fascinations, ses dégoûts et son univers halluciné (””).
Belle reprise également d’Alligator 427 dont Thiéfaine se serait pourtant bien passé : ”Parfois je voudrais qu’on oublie certains de mes textes ou de mes chansons précédentes, j’aimerais que l’histoire les rende à tout jamais obsolètes." (le public hurle, proteste, dément) "C’est le cas de celle qui vient maintenant, qui date de 1975-76 et que vous avez demandé. J’avoue qu’en ce moment, moi, je ne l’aurais pas choisie”. Mais il la chante et c’est tant mieux. Après tout un artiste est aussi l’esclave de son public. Il nous offre également une belle prestation solo sur Affaire Rimbaud en rappel, puis Camélia : huile sur toile, aux accents mortuaires, avant d’enchaîner, pour un second rappel sur l’émouvante Je t’en remets au vent – amour, égoïsme et vaches maigres – , suivie de l’inévitable Fille du coupeur de joints.

Hommage aux musiciens qui l’accompagnent enfin : Kurt Rust à la batterie, Roberto Briot à la basse, Sébastien Cortella aux claviers et programmation, Philippe Paradis, qui nous a gratifiés de beaux solo de guitare lyrique, et Xavier Géronimo à la guitare également. S’il fallait regretter quelque chose, ce serait peut-être la persistance d’un usage parfois facile et usé du vocabulaire rock (et du vocabulaire tout court), de ”murs du son” un peu systématiques, qui semblent parfois empêcher le déploiement d’atmosphères plus subtiles et intéressantes. Il y a comme un parfum de paresse là derrière, mais qui sait, sans elle, Thiéfaine ne serait pas Thiéfaine, le divin glandeur de l’obscur, alors...Vive la paresse.

 

21.10.2005

"J’ai commencé par casser l’usine ... Trouver de nouveaux outils ... Une nouvelle façon de voir les choses ..." Dans un hôtel luxueux voisin des Editions Lorelei, ses bureaux situés au coeur de Dijon, Hubert-Félix Thiéfaine évoque entre deux bâillements la genèse de son quatorzième opus. Il est cinq heures de l’après-midi, Thiéfaine s’éveille. Tout de noir vêtu. On l’imaginait mal autrement.

Les paroles, pas la musique

 
 
"L’idée a été de ne pas écrire les musiques." Et d’en proposer l’écriture à des surdoués du couplet-refrain, dont la plupart pourrait être ses fils. C’est ce qu’on a appelé en 2002 la génération Thiéfaine, à la sortie de la compilation Les fils du coupeur de joints. Matmatah, Bénabar ou Tryo reprenaient alors les titres phares du crooner déjanté. "J’ai proposé un autre jeu. La nouvelle règle était de m’écrire des musiques." De la bande de 2002 ne reste finalement qu’un seul, Michaël Furnon, de Mickey 3D. Leur collaboration sur Les jardins sauvages, émouvante ballade folk lyrique, en fait un des sommets du nouvel album. On ne croyait pas le solitaire Thiéfaine prêt à s’entourer ainsi. "Hubert – Félix – Thiéfaine, Auteur – Compositeur – Interprète : je fais tout par trois !", claironnait-il il y a quelques années. Près de trois décennies après son premier enregistrement, il a sacrifié pour un temps "Félix", prénom guignolesque né d’une erreur administrative à l’armée. Et donc aujourd'hui, "Compositeur".

 

 
  
 

A la carte en 2005, Frédéric Lô, qui a remis en selle Daniel Darc, pose un gimmick magique sur Scandale mélancolique, chanson titre à la pop déglinguée. Cali a écrit (et chante en duo) la partition de Gynécées, douce Internationale du beau sexe. Commentaire de l'intéressé : "Poser une musique sur le texte d’Hubert, c’était comme si l’on me donnait le droit de poser mes mains sur une femme sublime... " JP Nataf, ex-Innocents, gratifie le chanteur des Confessions d’un never been, chanson imparable comme l’est L’étranger dans la glace, que "le petit Suisse" Jérémie Kisling a nimbé d’une brume soyeuse. Quelques plages plus loin, Télégramme 2003, envoyé dare-dare par le combo rock Elista, fait implicitement référence à Bertrand Cantat ("Ronge tes barreaux avec les dents / Le soleil est là qui t’attend"). M enfin apparaît en guest-star sur le titre d’ouverture, Libido moriendi. Thiéfaine n’a écrit qu’une mélodie (sur un texte qui n’est pas de lui !), celle de That angry man on the pier, poème de Boris Bergman qui clôt le disque.

Format chanson

Ce travail à plusieurs a exigé une certaine discipline. "Je n’ai pas surchargé les textes comme j’ai pu le faire auparavant. Ils devaient rentrer dans le format chanson" Plus aucun titre de 10 minutes, ni de litanie qui égaraient même les fans les plus avertis. Thiéfaine en a-t-il perdu son style d’éternel ado flirtant avec les limites, y succombant souvent ? Justement non. Une cohérence se dégage. "On a rock'n'rollisé pas mal de monde !", explique-t-il fièrement. Frédéric Lô, JP Nataf ou Jérémie Kisling, apôtres d’une langueur dépressive, sont passés à la moulinette de guitares toniques.

 
 

Autre unité du disque : la voix de Thiéfaine, qui témoigne là encore d’une nouvelle rigueur. "Depuis des années, je chante tous les jours, en concert ou en studio. Le fait est que les cordes vocales sont des muscles : plus on les travaille, plus on peut en jouer." Conséquence, Thiéfaine a acquis une voix chaude et claire aux accents tantôt désarmants (L’étranger dans la glace, Les jardins sauvages), tantôt délirants (Loin des temples en marbre de lune, La nuit de la samain).

L’harmonie du disque naît enfin des textes inouïs du natif de Dôle. Chacune de ses chansons, sur lesquelles il peut passer six mois (Scandale mélancolique a connu 35 versions), contient plus de mots que n’importe quel album actuel. "La télé tire les gens vers le bas, moi je veux les pousser vers le haut !", ricane-t-il. Un béotien en "thiéfainade" conclura parfois à la surcharge, entre les références à Charles d’Orléans, Rimbaud, Nietzsche ou James Bond, et les cadavres exquis de cet héritier du surréalisme et de Ferré ("sulfateuse endocrine", "princesses royal canin"...). Les amoureux de l’oxymore, de la pose stonienne et de la prose dylanienne tendance désenchantée, se feront un nouvel hymne des Confessions d’un never been : "Je crache dans ma tête les vapeurs d’ammoniaque / D’un Sturm und Drang sans fin au bout du never been (...) J’ai volé mon âme à un clown / Un Cloclo mécanique du rock and roll cartoon". Y a-t-il meilleur portrait que celui de Félix par Hubert ?

Hubert-Félix Thiéfaine Scandale mélancolique (Sony/BMG) 2005 Concert : La Cigale (Paris) du 14 au 18 mars 2006 puis dans les festivals d’été.
Le 2 novembre sortie de la biographie Hubert-Félix Thiéfaine, jours d’orage, de Jean Théfaine (Editions Fayard-Chorus)

 

 

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