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Texte libre

Alors j'espère ke ce blog te plaît
Laisse moi des com's ça fait toujours plaisir...
n'oublie pa de revenir souven voir les nouveauté
Et pense à l'article spécial remarque...ke je sache ce ke tu veu voir dans ce blog!!!!!!!!!!!!!

 

 


 

 

Texte libre

Laisse moi des com's et n'ai pas peur d'écrire
et reviens voir si je t'ai répondu
Je te souhaite de passer un bon moment sur mon blog
 

 

1 avril 2006 6 01 /04 /avril /2006 01:09

 

   

Autobiographie 1
(1973)

 Quand, en juin 1940, le général de Gaulle me demanda de le rejoindre afin d'organiser la Résistance, je m'aperçus que je n'étais pas né. Je le lui fis donc dire, mais jamais il ne me crut vraiment et toute sa vie il garda, contre moi et ceux de ma génération, une certaine idée de rancune.

Hubert-Félix Thiéfaine

    Je ne devais naître en fait que huit années plus tard, sous les vibrations rances d'une étoile désintégrée, à 4 heures du matin en Franche-Comté... Hitler était mort... Vercingétorix aussi !     A l'école, je fus génial jusqu'au jour où je m'aperçus qu'un instituteur avait remplacé l'institutrice ! La cour de récréation était plus grande que le soutien-gorge de ma première maîtresse et à vrai dire je m'y emmerdais... Rien ne me semblait plus débile qu'un ballon ou qu'un gendarme qui court derrière un voleur, même quand c'est pour rigoler !

    Comme à cette époque Dieu existait, je fis sa connaissance et me retrouvai bientôt dans un nouveau collège aux chatoyantes soutanes, où les oiseaux déchiffraient du latin en chantant des cantiques et où les merdes sentaient l'eucalyptus à cause de l'épidémie de grippe... Pour me rendre intéressant, j'y écrivis ma première chanson : "Merda, zuta twist". Ce fut le tube ! J'en écrivis d'autres et je fis ma communion solennelle parce que j'avais l'âge de la faire !     Bientôt les poils me poussèrent là où on n'avait pas le droit de se toucher et comme par enchantement je m'aperçus que les petites filles c'était quand même plus marrant que le petit Jésus. Je décidai de me débarrasser de Dieu. Les curés décidèrent de se débarrasser de moi, et je me retrouvai à la porte de leur établissement, libre et heureux !

    Quand, en mai 1968, le général de Gaulle me demanda de le rejoindre afin de rétablir l'ordre, je lui fis savoir que j'étais fort occupé et que de toute façon, maintenant, il était suffisamment grand pour se débrouiller tout seul ! Vexé, il en mourut, mais seulement trois ans plus tard parce que, chez ces gens-là, on meurt pas facilement ! De mon côté, pour faire un peu comme tout le monde et surtout pour pas tomber dans les griffes de l'armée, je m'inscrivis chez les psychos...

    Mais bientôt l'armée me fit savoir qu'elle ne s'intéressait plus à moi. J'en profitai pour quitter l'université où je commençais foutrement à m'emmerder et je partis sur les routes de France et de Belgique pour y vendre du boudin et de la margarine... Mon petit commerce marchait mal et j'avais mal aux pieds... Aussi, fatigué, seul et désespéré, je décidai de devenir très beau et je devins très beau ! Tellement que j'eus l'idée de me montrer sur les foires et de chanter mes chansons à ceux qui n'avaient pas la chance d'être aussi beaux !

Hubert-Félix Thiéfaine - 1973

Texte extrait du livre "Hubert-Félix Thiéfaine",
de Pascale Bigot,
édition Poésie et Chansons,
Seghers
 


Autobiographie 2
(1979)

 

     En ce temps-là, j'étais une petite chanteuse poitrineuse et je vivais en concubinage avec une assistante sociale en fin de carrière qui avait oublié de payer ses cotisations à la caisse de retraite... Ca n'allait pas trop mal, sauf qu'elle divaguait sérieux et qu'un jour elle se jeta sous un autobus en croyant revoir un régiment d'infanterie qu'elle avait connu dans une vie antérieure alors qu'elle était jeune fille au pair dans une famille intégriste du 12e arrondissement...

     A la suite de cet accident, je fis une terrible dépression nerveuse et sur les conseils d'une animatrice-radio fort compétente, je me remaria ; presque aussitôt avec un ancien légionnaire qui avait connu Charles Péguy dans sa période bleue, Jean Dutourd dans sa période rose et qui me prenait moi-même pour Charlotte Rampling... Il faut dire qu'à cette époque je n'avais pas encore fini de payer toutes les traites sur ma moustache et que je ne la portais que pour aller toucher le tiercé, et les jours impairs, quand j'avais un train à prendre... Lorsque je me décidai à lui dire que je n'étais pas Charlotte Rampling, mais un ancien séminariste réformé pour double vue et insuffisance pondérale, il s'écroula, victime d'une crise cardiaque, après m'avoir avoué qu'il était lui-même la veuve d'un gardien de la paix mort d'une overdose alors qu'il participait au 42e congrès de l'Amicale des Joyeux Ratonneurs Bénévoles de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme)...

Hubert-Félix Thiéfaine

     Je traversais une période vraiment difficile et l'aveu de mon légionnaire fut un choc d'autant plus terrible pour moi, que je venais de perdre mes clés de voiture et mon permis d'inhumer... De plus, j'étais filé jour et nuit par les mecs du Deuxième Bureau...

     Ils finirent d'ailleurs par débarquer chez moi un matin de juillet où je m'étais caché dans la niche à pain avec mon singe et un car de touristes japonais qui s'était trompé d'embranchement à Beaubourg en sortant du musée Georges-Tuyaux...

     Je gardai mon sang-froid le plus longtemps possible et, tout en continuant à me racler les ongles avec le stérilet de mon assistante sociale que j'avais retrouvé la veille en nettoyant le carburateur de ma mobylette, je jouais, le jeu de celui qui n'est pas là et qui ne se sent pas concerné...

     Bientôt, pourtant, j'ai commencé à m'inquiéter, notamment quand je les ai entendus tirer la chasse d'eau et dire que ma concierge venait de se suicider avec la tondeuse à gazon... J'ai encore attendu un instant, mais dès que j'ai vu qu'ils déménageaient le vide-ordures et les accessoires de maquillage, je me précipitai dans la cage d'escalier, fis quatre fois le tour du compteur électrique et sautai dans une camionnette du service de dératisation qui attendait devant ma porte...

     Arrivé sur l'autoroute, je rencontrai une carmélite qui marchait sur l'accotement en jetant des confettis sur les voitures accidentées... Comme je m'arrêtai pour lui demander si la direction que j'avais prise était bien celle que je voulais prendre, elle monta sur le marche-pied et me demanda de la reconduire à son hôtel où le groom nous transporta jusqu'à sa chambre et nous servit du caviar dans la salle de bains, pendant qu'assis sur le bidet j'entreprenais d'écrire les chansons de mon second album, tout en la regardant qui se démaquillait... qui se démaquillait...

     Neuf mois plus tard, quand elle eut terminé de se démaquiller et qu'elle tourna son visage vers moi, je vis qu'il ne lui restait plus que la peau et les os et qu'elle avait une expression curieuse au fond des yeux... Mais je n'ai rien dit lorsqu'elle m'entraîna sur son lit...

     Mais vous ? Peut-être n'avez-vous jamais fait l'amour avec Eva Braun... quarante ans après ?

Hubert-Félix Thiéfaine - 1979

Texte extrait du livre "Hubert-Félix Thiéfaine",
de Pascale Bigot,
édition Poésie et Chansons,
Seghers
 

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